Le tennis et Nicolas Ferteux

Peux-tu nous parler de la façon dont tu as découvert le tennis ?

Mes parents sont des mordus de tennis qui ont démarré l’activité sur le tard, après 20 ans, et ont regretté de ne pas avoir commencé avant. Ils ont décidé de donner à leurs enfants toutes les chances de bien jouer, en nous faisant taper nos premières balles très tôt. Je ne me souviens donc pas forcément de mes premiers contacts avec la raquette car je devais avoir environ 5 ans, mais cela s’est fait de façon très naturelle et je me suis tout de suite senti très heureux en entrant sur un terrain.

À partir de quel moment le tennis est-il devenu ton sport favori ?

Je pense que je devais avoir neuf ans. Je faisais l’expérience des matchs par équipe pour la première fois. Il faisait très chaud, la partie était compliquée mais j’ai gagné en trois sets et mon équipe s’est imposée sur le fil. Alors que je traînais dans le club-house après la partie, je suis tombé sur le match de Sampras face à Bruguera à Roland-Garros qui passait à la télévision. J’ai regardé les trois derniers sets, fasciné. En rentrant chez moi, malgré les coups de soleil, je me suis dit que le tennis était un sport incroyable !

Te souviens-tu de tes premiers matchs en compétition officielle ? Quelles furent tes premières impressions ?

Oui, je m’en souviens très bien, c’était au stade de la Marche, à Marnes-la-Coquette. J’avais gagné facilement, et je m’étais fait détruire au tour d’après. Je n’ai pas le souvenir d’avoir pris énormément de plaisir en compétition pendant mon enfance, parce que je me mettais beaucoup de pression. À vrai dire, je pense que c’est en dehors des tournois que j’ai préféré jouer au tennis. Mon lieu de prédilection, c’était le terrain de mini-tennis. J’étais capable d’arriver au club le dimanche à 9h00 du matin et de repartir vers 19h00 sans quitter le terrain de mini.

Est-ce que tu regardais le tennis à la télévision ? Si oui, te souviens-tu d’un match qui t’a profondément marqué ?

J’adorais regarder le tennis à la télé ! Pendant les deux semaines de Roland-Garros, je rentrais du collège en courant pour pouvoir visionner le plus de rencontres possibles. En ce qui concerne le match qui m’a le plus marqué, je dirais sans hésiter le duel entre Arnaud Boetsch et Nicklas Kulti en finale de la coupe Davis à Malmö, en 96. Lorsque le suédois a obtenu 3 balles de match, mon père a éteint la télé en me demandant d’aller me coucher. À l’époque, je cachais un walkman sous mon oreiller et j’ai suivi la fin de la partie sur Europe 1.

Quelques minutes plus tard, c’est Boetsch qui servait pour le match. J’ai réveillé mon père et on a pu voir la victoire de la France en direct !

Quel était ton joueur/ta joueuse préféré(e) lorsque tu étais enfant ? Qu’est-ce qui te plaisait particulièrement chez lui/chez elle ?

Mon premier coup de cœur, c’est Thomas Muster. J’avais été très marqué par le storytelling proposé par la presse avant sa victoire à Roland Garros : son accident de voiture, la séance photo pendant son entraînement avec sa jambe dans le plâtre, son envie incroyable de revenir au plus haut niveau. J’adorais sa puissance, son absence totale de pitié pour l’adversaire, son côté rouleau-compresseur. Un peu plus tard, c’est Carlos Moya qui est devenu mon joueur préféré, j’étais fan de son look et de son coup droit. Enfin, j’ai vécu avec beaucoup de passion l’émergence de Richard sur le circuit. On a le même âge, et je le suivais depuis la fameuse une de Tennis Mag. Lorsqu’il a explosé à Monte-Carlo, j’étais comme un dingue, j’allais au café pour suivre ses exploits à la télé parce que les matchs passaient sur une chaîne cryptée à laquelle mes parents n’étaient pas abonnés.

Et maintenant, qui est ton joueur / ta joueuse préférée ? Saurais-tu nous expliquer pourquoi ?

J’aurais un peu de mal à citer un joueur en particulier. Je dois avouer que malgré toute l’admiration que j’ai pour eux, je n’ai jamais eu de « crush » pour les joueurs du Big Four. Il m’est difficile de dire pourquoi. Cela ne s’explique pas, il y a des joueurs qui déclenchent des sentiments incroyables chez vous et d’autres qui ne vous provoquent pas d’émotions notables. Du coup, je vois l’émergence de la nouvelle génération avec un oeil bienveillant.

Beaucoup de personnes ont peur de l’après Big 4, mais je pense que l’on s’apprête à rentrer dans une période fascinante, à l’image de ce que l’on a vécu il y a environ vingt ans après le déclin de Sampras et Agassi. À cette époque, on avait l’impression que n’importe quel top

10 pouvait gagner un grand chelem. Aujourd’hui, je n’ai pas forcément un joueur préféré, mais il y a de nombreux joueurs dont j’apprécie le jeu ou la personnalité. Sur le plan technique, j’adore Tsitsipas, avec son élégance de lanceur de javelot athénien et son revers ultra fluide. En termes de caractère, j’adore Medvedev, son insolence et le regard tactique qu’il a sur ce sport. Et puis j’avoue avoir une tendresse particulière pour Benoit Paire. Je trouve cela super que certains joueurs aient une approche du tennis un peu moins consensuelle, même si elle est politiquement incorrecte. Beaucoup de ceux qui le critiquent se plaignent en même temps de voir le tennis devenir un sport aseptisé en regrettant les frasques de McEnroe. C’est très paradoxal ! Je suis sûr que dans 20 ans, on se dira qu’on avait de la chance de voir un joueur français sortir des tweeners, des rétros et des punchlines incroyables de façon récurrente.

Je n’ai pas encore parlé des filles : je dois avouer que le tennis féminin m’a bien fait vibrer durant les dernières années. J’apprécie Kvitova pour son élégance naturelle, et j’ai été très impressionné par la performance de Swiatek à Roland-Garros cet automne. Mais la joueuse qui m’a le plus touché, c’est probablement la jeune Anisimova que j’ai trouvé incroyable de maturité à Roland Garros en 2019, à seulement 16 ans. Elle a un peu de mal à confirmer depuis car elle a été touchée par la perte de son père. J’espère qu’elle arrivera à surmonter ce deuil et qu’elle parviendra à exprimer tout son potentiel.

Est-ce que tu te souviens de ta première fois à Roland Garros et de ce que tu as pu ressentir à cette occasion ?

Je m’en souviens comme si c’était hier. C’était pourtant en 1995, lors des huitièmes de finale. J’allais à Roland chaque année avec mes parents et ma soeur. Mon père réservait des billets pour les huitièmes ainsi que pour la finale. Un vrai moment de bonheur en famille !

J’ai assisté à de très beaux matchs : le sacre d’Agassi face à Medvedev, le premier titre de Kuerten qui sortait de nulle part, et bien sûr le triomphe de mon héros Carlos Moya.

De quelle façon vois-tu l’évolution du tennis dans le futur ?

C’est une question complexe : le tennis est un sport qui existe depuis presque un siècle et demi et jouit d’un prestige indéniable parce qu’il s’inscrit dans une certaine tradition. Cette tradition le rend très attractif dans certains contextes (une finale de Wimbledon par exemple), mais l’empêche totalement de se réinventer. Un exemple : j’ai l’impression que l’époque actuelle favorise les activités rapides et immédiates. Tout le contraire du tennis et ses matchs de cinq heures dont on ne sait pas à quelle heure ils sont susceptibles de commencer mais aussi de se terminer. En grand chelem, c’est génial, mais c’est vraiment pénalisant dans un contexte un peu plus profane. Et cela peut contribuer à expliquer que le tennis en tant que spectacle peine à trouver son public. Il n’y a qu’à voir les tribunes d’un ATP World Tour 250 en milieu de semaine, vers midi. Le vide complet. Alors qu’un match de football amateur dans un petit patelin verra très souvent ses gradins bondés. Alors, faut-il changer les règles, par exemple en proposant des matchs au temps avec une seule balle de service pour le rendre plus intense, ou s’attacher à la tradition en rejetant toute possibilité de modification du règlement ? Le débat autour de la réforme de la Coupe Davis est à ce titre symptomatique de cette querelle entre les anciens et les modernes. A mes yeux, cette épreuve était déjà morte depuis plusieurs années car elle peinait à attirer les meilleurs joueurs. On n’imaginerait pas une coupe du monde de Football sans Messi, Ronaldo, Neymar et Mbappé !

Qu’est-ce qui te plaît le plus au Rueil AC Tennis ?

Si on m’avait posé la question il y a dix ans, j’aurais probablement parlé des infrastructures, du nombre de terrains couverts ou encore du niveau du centre d’entraînement. Mais avec le recul, je me rends compte que c’est bien plus que ça. Je pense que ce qui me plaît le plus, c’est l’esprit associatif qui est omniprésent. Cela fait déjà 16 ans que je fais partie du RAC Tennis. Je suis arrivé pour profiter des terrains, comme un « consommateur » de tennis, et j’y ai découvert une ambiance familiale, des gens extraordinaires et un désir commun de vibrer ensemble et de partager autour de notre passion pour la petite balle jaune.

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